Le thermalisme et le tourisme sont étroitement liés. Un séjour en cure thermale est l’occasion idéale pour explorer une ville, découvrir sa région et s’imprégner de ses traditions. Jean-Frédéric Gonthier, directeur de l’Office de tourisme du Pays de Manosque et président du Club des Offices de tourisme des stations thermales, nous présente aujourd’hui le lien complémentaire entre tourisme et thermalisme notamment grâce à la mise à place, de son initiation, du Club des Offices de tourisme des stations thermales en France.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours, de comment vous êtes devenu le directeur de l’Office de tourisme de Gréoux-les-Bains ainsi que le président du Club des Offices de tourisme des stations thermales ?
Je suis Jean-Frédéric Gonthier et je dirige l’Office de tourisme de Gréoux-les-Bains depuis 2012. En 2017, avec l’adoption de la loi NOTRe et le transfert de compétences des communes vers l’intercommunalité, j’ai évolué du poste de directeur de l’Office de tourisme de Gréoux-les-Bains à celui de directeur de l’Office de tourisme du Pays de Manosque. Ce territoire, composé de 25 communes autour de la ville de Manosque, englobe la station thermale de Gréoux-les-Bains, mais également les champs de lavande du plateau de Valensole et les gorges du Verdon, un territoire vraiment magnifique.
En 2015, nous avons accueilli à Gréoux-les-Bains le congrès du thermalisme. À cette occasion, j’ai réalisé que les Offices du tourisme n’étaient ni fédérés ni rassemblés et de ce fait n’assistaient pas aux rencontres dédiées au thermalisme. Les exploitants des établissements thermaux, les maires ainsi que les offices de tourisme sont pourtant les trois piliers de la vie d’une station thermale.
J’ai donc eu l’idée de proposer à l’Association des Maires des Communes Thermales et au président de la Fédération Thermale de créer le Club des Offices de tourisme des Stations Thermales, dédié aux stations thermales ou aux territoires abritant une station thermale comme Gréoux-les-Bains. Le club est né en 2015, de mon initiative et avec l’accord des présidents des différentes institutions du thermalisme.
L’idée est de mobiliser les Offices de tourisme, qui sont généralement les coordinateurs clés de l’animation et de la promotion de leur territoire. Il est important que les Offices du tourisme s’intéressent au thermalisme, à son avenir et ses enjeux. Notamment en participant à des événements professionnels annuels tels que les Thermalies ou le congrès du thermalisme.
Nous sommes ainsi 86 Offices du tourisme au sein de notre Club, soit plus de 1000 salariés. Pour un fonctionnement optimal, je me suis entouré de 8 personnes, qui sont des correspondants régionaux, répartis dans chaque grande région thermale.
Pouvez-vous nous présenter la destination de Gréoux-les-Bains ?
Les curistes venant à Gréoux-les-Bains peuvent découvrir une gamme d’activités locales, allant de la gastronomie aux visites touristiques. Notre destination bénéficie d’une situation géographique privilégiée dans le sud de la France, très touristique et connue. Nous sommes au cœur de la Provence, à une heure et demie de la mer et des Alpes du Sud, et juste à l’entrée du grand site des gorges du Verdon.
Gréoux-les-Bains est un village typiquement provençal, caractérisé par ses petites places, fontaines, lavoirs et un château du 14e siècle. Nous mettons en avant une culture typiquement provençale, par notre patrimoine architectural et l’ambiance de la région, notamment autour du boulodrome et de la rivière du Verdon. Gréoux-les-Bains est une ville de 3000 habitants, offrant une proximité et une convivialité dans les relations humaines. La tradition d’accueil remonte à l’époque romaine, ancrée profondément dans notre culture.
Outre les activités de plein air comme la randonnée et le VTT, nous avons des équipements tels que le cinéma, le casino ou encore un centre de congrès.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le centre thermal de Gréoux-les-Bains ?
Un curiste à Gréoux-les-Bains bénéficie de soins reconnus depuis des siècles pour le traitement des voies respiratoires et de la rhumatologie. En effet, ces orientations thérapeutiques sont les mêmes que celles pratiquées depuis l’Antiquité. Dès le premier siècle, il est intéressant de noter que les Romains se sont installés à proximité d’une source d’eau chaude à Gréoux-les-Bains, et l’endroit est devenu un lieu dédié à la santé et au thermalisme.
En 1962, la Chaîne Thermale du Soleil, fondée par Adrien Barthélémy, a racheté les thermes de Gréoux-les-Bains, marquant ainsi le début d’un essor du thermalisme pour la station. Pour vous donner une idée de l’essor, la station accueillait 500 curistes en 1950, chiffre qui a grimpé à 17 000 en 1976. En 2019, année de référence, nous avons accueilli environ 35 000 curistes, soit le premier centre thermal du groupe.
L’eau thermale de Gréoux-les-Bains a une température d’émergence de 42°C. Elle doit donc être refroidie pour son utilisation dans les soins. Ce refroidissement contribue également à la transition énergétique, puisque la chaleur récupérée est utilisée dans l’exploitation des thermes.
Les thermes proposent également des mini-cures thermales et courts séjours santé, en plus de programmes spécifiques tels que celui de la prise en charge post-cancer du sein, d’une durée de 12 jours.
En tant que directeur de l’Office de tourisme de Gréoux-les-Bains et président du Club des Offices de Tourisme des stations thermales, pouvez-vous nous expliquer le rôle des Offices de tourisme dans la promotion et le développement du thermalisme en France ?
En tant qu’Office de tourisme, nous collaborons et échangeons régulièrement avec l’établissement thermal afin de conduire différents projets et suivre l’évolution des tendances. Cette collaboration est indispensable, car il est essentiel que l’Office de tourisme travaille main dans la main avec l’exploitant thermal. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons créé le club, car les offices étaient absents des instances nationales.
À Gréoux-les-Bains, l’opérateur thermal demande en priorité d’assurer un bon accueil des curistes. Nous essayons d’être très bons dans l’accueil de ces patients et aussi dans l’animation de la station. Ainsi, nous organisons de nombreuses animations qui rythment fortement le séjour thermal, car nous savons que la qualité du séjour renforce les effets de la cure. Il n’y a rien de pire que de faire une cure et de s’ennuyer dans son logement. Nous proposons donc, trois fois par semaine, des sorties randonnées, des excursions en bus au départ de Gréoux-les-Bains, beaucoup de spectacles et d’animations.
Ainsi, sur la majeure partie des stations thermales on note des collaborations très étroites entre ces 2 acteurs, en fonction du territoire et du contexte de chaque station.
Le club me permet de promouvoir les bonnes pratiques lors de nos réunions et d’encourager des échanges bénéfiques pour tous, car nous sommes dans le même bateau, même si la situation peut être disparate entre les stations. Au sein du club, nous collaborons et partageons nos expériences car ce qui fonctionne bien dans un endroit peut souvent être dupliqué ailleurs.
Notre club est également un point d’appui indispensable pour la Fédération thermale concernant l’Observatoire de l’économie des stations thermales, sans offices du tourisme, cet observatoire ne pourrait pas exister.
Quel est l’impact du tourisme thermal sur l’économie locale d’une station ?
Pour cela, nous pouvons nous baser sur les chiffres récoltés et analysés par l’Observatoire de l’économie des stations thermales.
Le chiffre d’affaires généré par le thermalisme à Gréoux-les-Bains atteint 70 millions d’euros, contribuant directement et indirectement à l’emploi de 358 personnes. Il faut savoir que nous sommes sur des moyennes plutôt élevées sur notre station, cela est dû à l’importante fréquentation du centre thermal, puisque nous sommes la troisième station thermale.
À titre de comparaison, une station thermale similaire à Gréoux-les-Bains génère en moyenne un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros.
Sur Gréoux-les-Bains, il est impressionnant de constater que l’économie touristique et thermale génère 123 millions d’euros en retombées directes, indirectes et induites pour la station, qui compte 3000 habitants.
Il faut savoir que sur les 88 stations thermales en activité, 70% comptent moins de 5000 habitants, représentant 16 000 emplois équivalent temps plein et générant une richesse de 2,5 milliards d’euros en 2021.
Avez-vous remarqué une évolution concernant le profil du curiste depuis la pandémie de Covid-19 ?
Il est aussi à noter pour les chiffres clés de 2022 de l’Observatoire que les stations thermales sont devenues des destinations touristiques. Bien sûr, si le thermalisme peine à retrouver son niveau d’avant Covid, le tourisme a pris le relais dans certaines des stations pour plusieurs raisons.
Premièrement, les thèmes du bien-être, de la santé, de la prévention, et de la remise en forme attirent beaucoup. Ainsi, prendre des vacances dans des endroits habitués à soigner devient une destination « à la mode ».
En outre, ce sont des petites communes situées dans des environnements exceptionnels, ce qui les rend très attrayantes. Nous avons l’avantage, ici sur ce site de Gréoux-les-Bains par exemple, de bénéficier de deux activités qui se complètent en termes de saisonnalité. Nous avons un thermalisme moins intense en été, mais avec une activité touristique qui prend le relais durant cette période.
Ainsi, ceux qui choisissent les stations thermales, le font parce qu’il y a une dimension de bien-être indéniable sur laquelle nous pouvons nous appuyer, contrairement à d’autres destinations plus classiques. Cela a conduit au lancement du concept de “villes d’eaux, villes de bien-être” par les maires des communes thermales.
Toutefois, il est très important de faire la différence entre la médecine thermale, pour laquelle les établissements thermaux sont les mieux placés pour parler de médecine et le tourisme de bien-être, qui est une approche différente.
Nous devons donc nous adapter à l’évolution du profil de notre clientèle.
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